2017
objets et terre, dimensions variables
photo Carolines Saves
Exposition Jeu de reins jeu de vilains, San Francisco
Exposer dans une poche arrière c’est prendre le risque d’un
frottement, d‘une érosion. A la fois intime et drôle, l’espace ici se
déplace et se fait déplacer, il voyage, se démonte et se contraint, peut
dissocier le mouvement de ses parois. Je l’envisage comme un révélateur
à mécanique variable, une sorte de dispositif de fouille concentrant au
sein même des pièces exposées l’empreinte des interactions entre
déplacement, distance, corps et temps.
Cette durée, cette usure va s’exercer sur de petits objets informes
façonnés en terre, formes embarquées sous des prétextes secrets comme
peuvent le faire les enfants avant de les oublier (au fond d’une poche
bien entendu).
Souvenirs confus, enfouis et inidentifiables, ces éléments vont se
transformer sous l’effet du dispositif de « fouille » ,
révélant leur contenu entre altération et mise à nu, souvenir vague et
instant d’une redécouverte.
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Ce n’est pas une enceinte solide faite de murs mais une paroi fragile nouée de coutures. Nous ne sommes pas dans un white cube mais dans un blue jean. Ce n’est pas une exposition de souvenirs, ce sont des souvenirs exposés : 1 – exposés aux frottements, à l’érosion, aux aléas de l’usure et à la menace universelle de la crevaison. 2 – exposés comme mis à nu. De poche, cette exposition appartient au monde de la vulgarisation, de la pop et surtout celui de l’enfance : moment privilégié de la collection secrète et improvisée d’objets dont on ne sait souvent plus ce qu’il veulent, au juste, rappeler. Mais à ce que l’adulte a oublié répond le petit poucet exhumeur de trésors. Il sait très bien, lui, tout au long de ses redécouvertes, ne pas faire la différence entre l’espace et le temps.
Frédéric Montfort, 2017